Cytomégalovirus

L’essentiel

• Le cytomegalovirus (CMV) est l’infection congénitale la plus fréquente (0.5 à 3% des grossesses), correspondant à la première cause non-génétique d’anomalies neurologiques chez le nourrisson.
• Un contact étroit avec des jeunes enfants constitue le principal facteur de risque d’une infection pendant la grossesse. Des mesures d’hygiène préventives sont à appliquer dès le début de grossesse pour limiter ce risque.
• Une sérologie (mesure des anticorps) en début de grossesse (avant 14 semaines) est de plus en plus recommandée pour dépister une infection maternelle, évaluer le risque de transmission au fœtus, et éventuellement proposer un traitement pendant la grossesse.

Transmission et risques pour le fœtus

La contamination maternelle se fait par contact direct avec des liquides organiques infectés (salive, larmes, urine, sang, sécrétions respiratoires, sécrétions génitales). Le risque de transmission du CMV au fœtus en cas de primo-infection pendant la grossesse est d’environ 30%. Il existe également un risque de transmission au fœtus en cas de réinfection ou de réactivation d’une infection acquise avant la grossesse, mais ce risque est beaucoup plus faible. Lorsque le fœtus est infecté, son risque de présenter des malformations ou symptômes à la naissance est de 5 à 10%, principalement lorsque l’infection maternelle a eu lieu au premier trimestre de la grossesse. Environ 5 à 15% des enfants infectés in-utero ne présentant pas de symptômes à la naissance présentent toutefois des séquelles tardives (anomalies auditives).

Prévention

Toutes les femmes enceintes ou envisageant une grossesse doivent recevoir dès que possible des informations sur les risques d’infection à CMV et appliquer des mesures d’hygiène préventives. Ces mesures consistent en une hygiène renforcée des mains et éviter au maximum le contact avec les urines, salive et larmes des jeunes enfants (< 4 ans) :

  • Ne pas sucer leur cuillère ou tétine, ne pas goûter ou finir leur repas;
  • Ne pas les embrasser sur la bouche ou les larmes;
  • Ne pas partager leurs affaires de toilette (gant de toilette, serviette);
  • Se laver soigneusement les mains (savon ou solution hydro-alcoolique) après chaque change ou contact avec les urines, salive, larmes et sécrétions nasales (couche, pot, pyjama mouillé, jouets, repas, bain, mouchoirs, etc …).

Les femmes en contact avec des enfants en bas âge dans leur milieu professionnel sont également à risque. Elles devraient réaliser les tâches impliquant un contact avec des liquides corporels avec des gants, et peuvent demander un changement de poste de travail pendant le premier trimestre.
Les femmes enceintes pouvant également être infectées par leur conjoint ou leur entourage proche, il convient que ces derniers appliquent ces mesures d’hygiène, particulièrement en début de grossesse. Il est également recommandé d’utiliser un préservatif en cas de changement de partenaire ou si le conjoint est suspect d’infection à CMV (syndrome grippal) pendant la grossesse.

Dépistage

Les femmes enceintes ou envisageant une grossesse, particulièrement si elles sont au contact d’enfants en bas âge, devraient discuter du dépistage du CMV avec leur médecin traitant, gynécologue ou sage-femme. La réalisation d’une sérologie (mesure des anticorps) pendant le premier trimestre permet de dépister une primo-infection maternelle à CMV potentiellement à risque pour le fœtus. Suite à une sérologie en faveur d’une infection pendant le premier trimestre ou la période péri-conceptionnelle, une consultation en centre spécialisé sera proposée pour réaliser des examens d’imagerie (échographies, IRM), et éventuellement des prélèvements invasifs (amniocentèse, ponction de sang fœtal) pour évaluer le risque pour le fœtus et les possibilités d’un traitement pendant la grossesse.


Écrit par Dr.Léo Pomar, Professeur associé à la Haute École de Santé Vaudoise (HESAV) et sage-femme échographiste à la maternité du CHUV.