La prééclampsie
L’essentiel
• La prééclampsie est une maladie de la grossesse pouvant toucher de nombreux organes, caractérisée par la présence d’une hypertension et de protéines dans les urines.
• Son dépistage est réalisé grâce à un suivi régulier de la tension et des urines.
• Certains symptômes doivent faire évoquer son diagnostic comme des œdèmes, des maux de têtes persistants ou inhabituels, des troubles de la vue, des douleurs abdominales.
• Non traitée, elle peut évoluer en éclampsie, une urgence vitale pour la mère et l’enfant. Le seul traitement consiste en la délivrance du placenta lors de l’accouchement, qui sera déclenché au plus tard à 38 semaines d’aménorrhée.
De quoi s'agit-t-il ?
La prééclampsie est une maladie de la grossesse se caractérisant par la présence d’une hypertension et de protéines dans les urines. Elle serait due à une mauvaise vascularisation du placenta résultant en une insuffisance du débit entre le placenta et le fœtus, et en la libération de substances toxiques dans l’organisme maternel. Elle touche environ 2% des femmes en Suisse. Elle peut survenir dès 20 semaines de grossesse mais peut se déclencher jusqu’à terme.
Facteurs de risques
Certaines femmes sont plus à risque de développer une prééclampsie, notamment celles ayant déjà eu une prééclampsie lors d’une précédente grossesse. La primiparité (première grossesse) et les grossesses multiples augmentent également ce risque. L’âge (<18 ans ou > 40ans) et l’obésité sont associés à un risque plus important.
Prévention
Si vous avez déjà eu une prééclampsie, un dépistage précoce de la maladie qui associe une échographie (entre 11 et 14 semaines), la prise de la pression artérielle aux deux bras, et le dosage d’un marqueur sanguin appelé PLGF peut vous être proposé. Ce dosage n’est actuellement pas encore remboursé par l’assurance maladie.
Une prise d’aspirine à faible dose (100mg/jour) est proposée aux patientes présentant un risque augmenté de prééclampsie.
Autrement, la prise régulière de votre tension et l’analyse répétée de vos urines durant votre grossesse permettra de détecter la maladie si elle devait se développer.
Conséquences pour la mère et le foetus
La prééclampsie touche de nombreux organes (reins, foie, cerveau) et peut donc se manifester par une variété de symptômes dont :
- des œdèmes (gonflements des pieds, des mains ou du visage) associés à une prise de poids rapide ;
- des maux de têtes persistants ou inhabituels ;
- des troubles de la vue (flou visuel, « mouches » volantes) ;
- des douleurs abdominales (partie supérieure droite ou centrale) ;
- ainsi que des nausées et vomissements.
La prééclampsie peut évoluer vers l’éclampsie, qui se traduit par la survenue de crises convulsives qui sont une urgence vitale pour la mère et l’enfant. Elle est également associée à un risque d’accouchement prématuré.
À plus long terme, la prééclampsie augmente le risque de développer une maladie cardio-vasculaire ou un syndrome métabolique (diabète, prise de poids, hypercholestérolémie). Des mesures préventives de ces maladies pourront être discutées avec votre médecin.
Prise en charge
En cas de diagnostic de prééclampsie, un suivi régulier de votre tension et la mesure de certains paramètres sanguins seront mis en place. Une surveillance échographique de la croissance de votre fœtus sera également réalisée. Un traitement antihypertenseur pourra être instauré. Dans la plupart des cas l’accouchement aura été déclenché avant 38 semaines.
Il n'existe pas de traitement à la prééclampsie hormis le retrait du placenta.
Écrit par Eva Gerbier, doctorante en pharmaco-épidémiologie à la maternité du CHUV.
Relu par Pr.Yvan Vial, médecin chef en obstétrique à la maternité du CHUV.